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Roberto Di Cosmo, acteur du libre et porteur du projet Software Heritage

Portraits

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19/01/2017

Roberto Di Cosmo est un chercheur informaticien italien, installé en France, professeur à  l’université Paris Diderot, où il est membre du laboratoire Preuves, Programmes et Systèmes, aujourd’hui devenu partie de l’IRIF . Depuis septembre 2015 il est détaché auprès d’Inria. Roberto Di Cosmo pilote le projet Sofware Heritage « Bibliothèque d’Alexandrie » du logiciel qui vise à collecter, organiser, préserver et rendre accessibles les codes sources de tous les logiciels disponibles publiquement. De la littérature à l’informatique, retour sur le parcours atypique de Roberto Di Cosmo, fervent défenseur de la diffusion des savoirs.


Roberto Di Cosmo commence ses études secondaires par une formation littéraire, surprenant quand on connaît la suite ! Son attirance pour les sciences dures le rattrape très vite, il bifurque vers une voie scientifique, car il l’avoue : « J’ai toujours eu un penchant pour les mathématiques et l’informatique. J’ai acheté mon premier ordinateur avec les gains d’un concours de traduction du grec au latin. Après ça, je passais des nuits entières à coder. » 


À l’âge de 26 ans, il arrive en France dans le but de rejoindre son directeur de thèse, Giuseppe Longo. Il enseigne ensuite l’Informatique d’abord comme Maître de Conférence à l’ENS Ulm,  puis comme Professeur à l’Université Paris Diderot. L’année 1998 est déterminante pour sa carrière : il publie le pamphlet « Piège dans le cyberespace ». L’article fait le tour de la planète et le conduit à coécrire un livre avec la journaliste Dominique Nora : « Le Hold-up planétaire : la face cachée de Microsoft », qui le propulse dans l’univers du libre, et plus généralement dans l’engagement sociétal sur des sujets comme le vote électronique, l’Open Access, ou le respect de la vie privée.


S’ensuivent de nombreuses initiatives comme la création en 2007 du Groupe Thématique Logiciel Libre dans le pôle de compétitivité Systematic. Ce groupe rassemble aujourd’hui plus de 100 acteurs innovants et contribue à la dynamique de  Systematic, qui est à la fois une « usine à projets innovants » par le biais des projets de R&D et un cluster d’innovation ancré sur le territoire francilien. Pour concilier l’enseignement, la recherche et la direction de projets avec ce surplus d’activités, il décide de donner une nouvelle coloration à son parcours scientifique en s’intéressant au logiciel libre comme objet de recherche.


En 2008, il monte et coordonne le projet européen Mancoosi, qui vise à construire des outils pour maîtriser la complexité croissante des logiciels, en particulier dans le monde du logiciel libre. En 2011, il remporte avec Jérôme Vouillon le prix « Microsoft Research Distinguished Artefact Award » pour un des résultats de ce projet, qui essayait déjà de répondre à la problématique de la reproductibilité et réutilisabilité des résultats de la recherche. Et ce n’est pas tout, il est aussi l’initiateur et l’un des intervenants du premier MOOC sur le langage de programmation OCaml, dont la première session a eu lieu en octobre 2015.


Depuis quelques années, il est investi dans la direction d’un projet d’ampleur dévoilé en juin 2016 par Inria : Software Heritage, une initiative qui vise à préserver l’ensemble du code source disponible publiquement.


Un parcours impressionnant tant par la qualité des projets menés que par leur diversité. D’ailleurs, ce sont ces nombreuses réalisations qui font de lui un homme aux multiples profils. Avec du recul, il est en persuadé, son parcours est finalement logique : « En analysant mon passé, l’émergence du projet Software Heritage est finalement naturelle. Ma base d’humaniste littéraire, complémentaire aux recherches scientifiques en informatique, m’a apporté une sensibilité particulière aux enjeux sociétaux ». Si tous ces projets l’animent autant, c’est parce que notre intéressé est préoccupé par la connaissance et surtout par le risque qu’elle puisse disparaître.


C’est certainement son implication et son développement au sein de la communauté du libre qui fait qu’aujourd’hui, il est si légitime dans le domaine. Mais, il le répète avec conviction : « Je n’aurais jamais pu mener un projet pareil seul : j’ai eu la chance de pouvoir réunir des personnes exceptionnelles qui partagent cette vision ».


Plus d’informations sur Software Heritage : www.softwareheritage.org
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